Mariage pour certains, Couple et Famille pour tous ?
Couple, famille, parentalité et « Mariage pour tous »
1° congrès international de thérapie familiale TUNIS 24/04/2015 STRTF
Argument : Qu’est une famille pour un thérapeute de couple et de famille, systémicien, constructiviste ? Ceci peut-il éclairer les questions soulevées par la reconnaissance légale des familles homoparentales ? Que constate un thérapeute devant les mutations des dernières décennies ? Le Couple, quelle que soit sa constitution sexuée, peut-il incarner l’avenir du lien social ?
Introduction
« La ressemblance n’est qu’un cas particulier de la différence, celui où la différence tend vers zéro, mais celle-ci ne s’annule jamais complètement. » (Claude Lévi-Strauss L’homme nu)
Les débats, certains des débats, soulevés par la Loi du 17 mai 2013 « ouvrant le mariage aux couples de personnes du même sexe », ont eu de quoi surprendre un thérapeute, mais ont en tout cas montré que l’intérêt pour le couple et la famille était prenant !
Ma génération, qui n’a pas vraiment connu le « Familles je vous hais » a, par contre traversé les années 1960, 1970, où les journaux s’alarmaient : « les enfants du divorce », « le refus de l’enfant », « la crise de la fécondité », « le mariage passé de mode ».
Puis, dans les années 1990, nous avons eu les médiats s’extasiant devant « la famille lieu du bonheur individuel », « les valeurs modernes de la famille »…
Peut-être ne mérite-t-elle ni cet excès d’honneur, ni cette indignité !
Si la forme nucléaire de la famille (père + mère + enfants non mariés, en petit nombre) prédomine encore, la structure du groupe domestique est diverse (25% de ménages d‘une personne en France, 50% à Paris ; familles matricentrées ; familles dites recomposées ; couples mariés, ou cohabitant),.
Mais, à côté de cela, les liens de parentèle sont extrêmement importants : ils varient dans leur constitution (grands-parents, arrière-grands-parents, mais aussi frères et sœurs, oncles et tantes, cousins…), dans les fonctions assumées (simple reconnaissance d’appartenance, participation aux fêtes, soutien psychologique, éducatif, financier…). Les rituels en témoignent : fêtes, anniversaires, photographies.
Et ce sont toutes ces formes, et ces variations, que nous rencontrons en thérapie de couple ou de famille, y compris, même si c’est peu fréquent, quand la recomposition prend la forme d’une famille dite homoparentale.
Comment considérons-nous une famille ?
Comme un groupe d’appartenance ! C’est-à-dire plus que la somme des individus qui la composent. Nos regards sont pluriels :
D’abord, les individus comptent, bien sûr, avec leurs qualités et défauts, des différences qui vont être imputées à l’âge, à la génération, au sexe. Mais combien y a-t-il de sexes ? Un seul, comme le pensait Aristote et les savants jusqu’au XVI° siècle ? Deux, comme il est classique depuis ? Trois, à la manière des Inuits ou des indiens des plaines, incluant un troisième sexe social (Bernard Saladin D’Anglure et Pierrette Desy) ? Quatre, en comptant des types croisés et des androgynes (Sandra Benn, citée par Pierrette Desy) ?
C’est aussi une matrice de communication, un espace de circulation de la parole et du désir, où se distribuent des rôles, des fonctions, des hiérarchies. Celles-ci sont devenues plus incertaines de nos jours, où se mêlent tradition et réinvention. Nous décrivons deux modes principaux d’interaction, symétrique (par exemple : plus l’un crie, plus l’autre crie) et complémentaire (par exemple : plus l’un crie, plus l’autre pleure), relativement indépendants du sexe des protagonistes. Mais il faut, là, tenir compte de l’attente sociale vis-à-vis des comportements !
C’est également une histoire qui se déroule dans le temps, qui peut se raconter, qui est faite de périodes d’homéostasie, et de périodes de changements. C’est aussi l’histoire des aléas de l’interaction entre deux liens, lien entre deux adultes et lien parent – enfant. Il semble que les autres primates « choisissent » entre ces deux liens, pour leur organisation sociale, alors que notre espèce essaie la gageure de les tenir ensemble. Cette gageure est à l’origine de nombreuses demandes de thérapie de couple ou de famille. C’est aussi l’histoire des interactions entre couples des différentes générations, famille, et systèmes périphériques, choisis ou imposés, institutionnels ou non (pairs, école, travail, hôpital, maison de retraite).
C’est enfin une identité, c’est-à-dire un rapport unique, spécifique de chaque système, entre intime et norme. Du côté de l’intime, nous avons une danse entre un mythe (croyances partagées par les membres du système) et des rituels ou règles spécifiques de comportement, mythes et rituels s’engendrant mutuellement. Par exemple : « Nous sommes une famille aventureuse » et « nous partons toujours en voyage sans préparation » ; ou bien : « nous devons nous montrer toujours passionnées » et « le jour du coup de foudre, nous l’avons perçu simultanément, toutes les deux ».
Mais aucun système ne peut se donner à lui-même son identité ; il doit se confronter aux autres systèmes avec lesquels il est en interaction, et qui le définissent, le reconnaissent ou l’ignorent. C’est le côté de la norme ! Un individu, un couple, une famille, est contraint d’aller chercher auprès d’autres systèmes humains confirmation de son existence, de ses qualités, de ses limites. L’enfant construit ainsi son identité : elle est aussi construite par les autres. Nous recevons ainsi des couples ou des familles, dont le principal problème est de n’être pas reconnus par le monde autour d’eux. On voit ici la butée de l’identité : à dépendre nécessairement d’autrui pour confirmation de celle-ci, un groupe humain se heurte à une norme, ensemble de comportements attendus d’un individu, d’un couple ou d’une famille. Même si cette attente admet des écarts plus ou moins étendus, le couple, par exemple, va être tenté soit de se conformer à tout prix à cette attente normative, y perdant alors son originalité, soit d’affirmer radicalement sa différence, se trouvant désigné alors comme mauvais couple, et mauvais parents, à cause de cette différence ! Dans les deux cas, l’apparition d’un symptôme, chez un enfant par exemple, signera ce hiatus, cette douleur d’identité. De plus, car intime et norme sont liés, le couple peut faire de cette différence la source de son mythe fondateur : « nous sommes un couple maudit, car cousin – cousine ; voilà pourquoi nos enfants vont mal » !
Qu’est-ce qu’une famille, du point de vue de la parentalité ?
Il faut distinguer deux axes à la fonction parentale : fonction nourricière et ordre filiatif.
Le nourrissage est à entendre ici au sens large ; il s’agit de l’alimentation, mais aussi de l’affection et de l’éducation motrice, cognitive-intellectuelle, morale. La qualité supposée de ce nourrissage permet d’être considéré comme (bon) parent. On ne voit pas très bien comment l’association de deux personnes du même sexe diminuerait, ou augmenterait, les qualités d’exercice de cette fonction, davantage que l’association de deux personnes de sexe opposé ! Le prétendre, c’est faire fi du fait que ces associations existent déjà, qu’elles exercent cette fonction, et qu’il ne convient pas de les stigmatiser. Les enfants peuvent être élevés bien ou mal par un, deux ou plusieurs personnes, de l’un, de l’autre sexe, ou des deux. Et il n’est même pas certain que cela ait une influence obligatoire sur le choix sexuel futur de l’éduqué !
Stigmatiser accroit la difficulté de l’apprentissage de cette fonction nourricière (effet pygmalion, prédiction qui se réalise toute seule).
La parentalité, c’est aussi l’inscription filiative d’un enfant dans un ordre qui lui préexiste. L’articulation des deux se fait quand d’enfant, le sujet devient enfant-de, passant d’une dépendance de survie à une dépendance d’identité sociale.
La succession des générations est une translation des fonctions : enfant-de, puis parent d’enfant-de, puis parent-de-parent d’enfant-de et ainsi de suite. La succession des générations suppose à chaque étape une légitimation sociale.
La reconnaissance de la qualité de « Parents potentiels », c’est-à-dire pouvant soutenir le passage du lien nourricier au lien filiatif, suppose la légitimation sociale, à chaque étape de la translation des générations. Or, elle peut subir un grand nombre de ratages. Ce sont eux que nous voyons en thérapie familiale pour des situations graves de psychose ou d’anorexie mentale, et ces ratages sont favorisés par la stigmatisation des couples parentaux !
La norme est qu’un enfant, entré dans une famille par voie d’accouchement ou d’adoption, s’inscrit dans une double filiation, branche maternelle et branche paternelle, ce qui renvoie à la constitution de l’humanité par les règles d’alliance et d’échange. Mais remarquons que ceci comporte des exceptions, en moins (enfant né de père inconnu), ou en plus (certains régimes d’adoption ou l’enfant bénéficie d’une filiation dans la famille adoptante et dans la famille biologique). L’adoption classique en France est d’ailleurs en train d’évoluer, puisqu’il n’est pas rare, notamment avec l’adoption d’enfants venus de contrées lointaines, qu’il y ait au minimum filiation imaginée avec les racines biologiques, mais aussi rencontre réelle, et donc inscription filiative dans la famille biologique.
L’inscription filiative, c’est toute une parentèle, des frères et des sœurs, des grands-parents, arrière GP, des oncles, tantes, grands oncles et tantes, neveux, nièces, cousins, et aussi ancêtres, le tout des deux sexes, évidemment !
L’homoparentalité laisse évidemment l’espèce humaine parmi les espèces où l’engendrement est sexuel ! Un être nait de l’union nécessaire de deux gamètes différentes ; il est donc biologiquement issu de deux géniteurs de sexe différents, et il est différent de chacun d’eux : le même ne peut pas engendrer le même ; l’altérité est au fondement de l’espèce.
Peut-être convient-il, en contrepoint des nouvelles procréations et filiations, dont la filiation homoparentale, de lever le secret des origines des gamètes, si nous craignons que soit oubliée cette vérité élémentaire…
Autorité et fonction paternelle
L’autorité est inventée par les romains, répondant ainsi à la question de Platon : comment faire obéir les hommes sans recourir aux moyens externes de la violence ? Cette « auctoritas » était représentée dans la famille par « le Père ». D’un côté, cette fonction a permis l’exercice de la domination, dans la société du blanc, bourgeois et riche sur l’ouvrier, le paysan et l’indigène colonisé, et dans la famille de l’homme (XY) sur la femme et des parents sur les enfants. D’un autre côté, elle a fait lien social, incarnant la loi humaine : poursuivre l’humanité et faire naître du neuf, et, pour cela interdire inceste et parricide et prescrire une forme quelconque d’exogamie.
Quand Freud se demandait « De quoi souffrons-nous ? », il répondait « De devoir renoncer » : renoncer à une position d’enfant, aux buts et objets pulsionnels infantiles. Le monde d’avant les totalitarismes prescrivait ce renoncement, en s’appuyant sur « l’autorité » et sur « le père », au prix donc de ces dominations contestables. Ce renoncement comporte un double sacrifice : pour l’enfant de l’union à la mère primitive, pour l’adulte d’une position d’enfant afin de la transmettre. Le monde qui s’est relevé du XX° siècle ne peut plus s’appuyer légitimement sur « l’autorité » et « le père » et semble ne plus prescrire ce renoncement, d’où notre expérience commune de la prolifération des incivilités, désobéissances et irrespects (dont l’auto – irrespect du type « casses-toi pauvre con »).
Notre expérience de thérapeute familial nous a appris que, d’une part une femme pouvait exercer le rôle de « père de famille », que d’autre part la présence d’un couple parental ne garantit pas que l’homme, par exemple, ait renoncé à une position d’enfant. Combien de fois entendons-nous : « J’ai 3 enfants à la maison, mon mari et les deux petits » ?
Sur quoi s’appuyer aujourd’hui pour faire vivre un lien social ? Dans la société, sur la notion de « pouvoir en commun » d’Hannah Arendt, qui suppose la reconnaissance que l’égalité est au cœur de la loi humaine. Et dans la famille, c’est sur l’égalité dans le couple, et donc sur le couple lui-même.
Qu’est-ce alors qu’un couple ?
Certes, c’est une relation, entre deux individus éprouvant ou ayant éprouvé une attirance réciproque. D’une part, nous avons le sentiment d’appartenir à un genre. La plupart d’entre nous nous sentons appartenir au groupe des hommes ou au groupe des femmes, même lorsque nous avons conscience de la construction sociale de ces groupes. Et, en même temps, nous sommes assignés par les autres à cette même appartenance. Mais certains, dans notre société, sont assignés à un groupe de genre, et se sentent appartenir à un autre groupe.
D’autre part, nous éprouvons une attirance pour un autre. Bien souvent, ce sont des traits masculins ou féminins (selon les codes de notre société), que nous attirent. Mais ce peuvent être des traits croisés, ou androgynes. Et nous pouvons être attirés par un membre d’un autre ou du même groupe de genre que nous. Lorsque la relation va s’installer, être soumise aux vicissitudes de la vie en commun, cette appartenance de genre, qui a été très importante au début va perdre de sa spécificité : c’est ainsi que les demandes initiales de thérapie de couple ont essentiellement des traits communs, quel que soit le genre des protagonistes.
Mais un couple c’est, pour nous, surtout un groupe d’appartenance choisi. Deux ordres de contraintes ont joué sur ce choix : contrainte sociale, car ce n’est que dans les contes de fées que les bergères épousent des princes, charmants ou non ; contrainte psychologique, c’est-à-dire notre histoire de sujet, donc celle de nos appartenances précédentes, famille d’origine en premier lieu. Ce couple, c’est bien davantage que la somme des deux individus qui l’ont fabriqué. Pour nous, c’est un troisième personnage. P. Caillé prononce une équation étrange : 1 + 1 = 3 ! C’est ce qui signe qu’un couple est autre chose qu’une simple relation, même amoureuse. Comme pour la famille, cette appartenance comporte des croyances communes (mythe du couple), et des manières nécessaires de « faire société l’un à l’autre » (rituels de couple). Lorsqu’un couple vient en thérapie, nous voyons comment chacun avait, en général à l’adolescence, délimité des frontières autour d’un « Territoire de l’intime » (R. Neuburger) personnel. Fabriquer un couple, c’est inventer une nouvelle frontière, autour d’une nouvelle identité. Mythe et rituels sont des marqueurs de cette frontière pour les membres du couple. C’est particulièrement vrai de ce que R. Neuburger nomme mythe fondateur, ce qui explique aux yeux du couple pourquoi ils devaient faire couple.
Et ce groupe d’appartenance doit se faire reconnaitre par les autres. La confrontation à la norme sociale, que j’ai évoquée plus haut peut s’avérer particulièrement douloureuse pour les couples homosexuels. Il me semble que nous en sommes au même point en ce qui concerne ceux-ci et la fabrication de couples dans une institution pour handicapés mentaux: le droit à des relations, y compris sexuelles, est reconnu, mais de là à reconnaitre un couple comme groupe d’appartenance comportant une frontière opaque délimitant un territoire intime, le pas n’est pas tout à fait franchi. Cette reconnaissance, elle se joue dans les familles d’origine, mais aussi dans le corps social ; c’est le sens de la demande d’accéder au mariage. C’est seulement si le mariage existe que nous pourrons être considérés comme un couple, même si nous ne nous marions pas !
Dès lors qu’il est reconnu, avec cette frontière, un couple va permettre de fonder une égalité, alternative aux petits systèmes patriarcaux de domination de l’un sur l’autre, en l’occurrence de l’homme sur la femme. Ensuite, dans la mesure où le couple est une forme purement construite de lien social, il est à même de représenter, au sein de nos petits systèmes d’appartenance, le lien social lui-même, la loi humaine : interdit de l’inceste et du parricide, plus obligation d’exogamie, c’est-à-dire poursuivre l’humanité et faire naître du neuf.
De quoi s’agit-il dans l’adoption ?
L’histoire l’illustre de deux jumeaux qui avaient été adoptés et secouaient négativement, synchrones, la tête chaque fois que le mot adopté était prononcé. Comme s’ils répétaient « Nous ne sommes pas des canards adoptés ; nous sommes des cygnes dans une famille de cygnes ! ».
Nous aimons faire le recadrage suivant : ce n’est pas un enfant adopté, c’est un enfant entré dans la famille par adoption ! Encore faut-il qu’il y soit entré ! En effet, on regarde souvent l’adoption du côté de la fonction nourricière de la parentalité. On pourrait baptiser cela : la nounou et l’éducateur, (fonctions socialement attribuées, mais qui peuvent en fait être exercées par des hommes ou des femmes). Mais, s’il est important de rencontrer dans sa jeunesse de bonnes nounous et/ou de bons éducateurs, ne serait-ce que pour soutenir une résilience lorsque le traumatisme a marqué son histoire, ce n’est pas suffisant. L’inscription filiative est tout aussi importante, qui nous situe dans une ou plusieurs lignées.
Entrer dans un groupe d’appartenance, c’est être admis à participer à cette danse d’éléments mythiques et rituels, c’est passer d’étranger à appartenant. Ce processus met en question dans ses frontières le pôle intime du groupe qui préexistait. Une solution est de se raconter une histoire, souvent celle d’une cooptation « quand on s’est regardé, j’ai su que c’était celle-ci ; on s’est reconnu ». L’important est qu’un récit intègre l’enfant entrant au mythe familial. Cela passe par des rituels, par exemple le jeu du « à qui ressemble-t-il ? », et toutes les fêtes de famille organisées autour de son arrivée.
Mais il met aussi en question le pôle norme : Le couple, plus largement la famille, candidat à l’adoption, va être soumis à une sorte d’expertise psychique visant à déceler cette étrange aptitude à élever un enfant après adoption (étrange car impossible à définir précisément). La famille candidate, face à cette attente sociale, se met en attente d’attente et peut croire qu’il existe une bonne manière d’être famille adoptante. Nous avons là la constitution d’un mythe social, auquel participe la famille elle-même, expliquant par avance les difficultés, et donc les produisant : « c’est une famille adoptante ; c’est un enfant adopté ! »
L’inscription filiative dans la famille qui a adopté est condition de réussite de l’adoption. Et elle dépend de sa reconnaissance par le corps social. Faute de celle-ci, si, par exemple, un maire interdit la célébration de mariages homosexuels, ou si un couple voulant adopter, se sent regardé avec suspicion par les travailleurs sociaux ou sa propre parentèle, ou si un couple ayant adopté se sent confronté à des enseignants normatifs, etc., etc., les deux parents pourront avoir tendance à se rabattre sur nounou/éducateur, afin de prouver leurs qualités, et l’enfant aura beaucoup de difficultés à entrer dans la famille. Il pourra rester en quelque sorte un étranger !
Conclusion
Des couples de même sexe existent aujourd’hui. Un certain nombre élève des enfants, qui ont été conçus à partir de gamètes de sexe différent. Ces couple peuvent, comme les couples hétérosexuels favoriser les ratages de la transmission, de la translation des générations, et, peut-être, les recevrons-nous en famille dans nos lieux de consultation. D’autres, mais c’est déjà le cas, nous consulterons pour des douleurs de couple. Ce seront là des signes de banalisation. Le corps social favorisera ces ratages, s’il se montre discriminant, désignant, disqualifiant.
Plus largement, la famille nous semble être confrontée aujourd’hui au défi de la médecine biologique et génétique : insémination artificielle, fécondation in vitro, prêt d’utérus, ventre de substitution, donneur de sperme ou loueuse de ventre, congélation d’un embryon ou de sperme permettant de jouer avec la naissance d’un enfant, préparation hormonale d’une femme ménopausée…
Tous ces éléments sortent peu ou prou de la notion de filiation paternelle, maternelle, ou bilinéaire.
Il faudra bien que s’inventent des modèles de faire famille, afin que nous puissions poursuivre l’humanité et faire naître du neuf.
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