Couple conjugal, couple parental

COUPLE CONJUGAL – COUPLE PARENTAL

CONFERENCE DU 1 JUIN 2017 A SEEZ TARENTAISE SAVOIE

Invitation de l’association « Les Saint-Exupériens »

INTRODUCTION

1 Extraits d’une thérapie de couple

A Le couple ne fait pas assez corps pour évoluer

Les fondations, on les a faites ensemble, mais on n’a pas vu la même chose. Il y a quelque chose de bancal dans la construction, qui empêche d’avancer.

B En dehors des séances, le couple est un sujet tabou.

A Il y a un décalage entre la façade qu’on a gardée tacitement, et les ruines, derrière.

B Quand on a commencé à se fiancer pour la première fois…

A On n’était pas désagréable, comme couple…

B Après la rupture de nos fiançailles, ma mère était sens dessus-dessous.

A Ce couple a une identité dans la société !

B On allait dans le sens de la vie.

A J’ai eu l’impression de l’avoir connu depuis longtemps.

B Il doit exister, et il n’existe pas autre que parental.

A Ce couple a fait une famille, les enfants partent, et c’est la fin du couple : il a été oublié !

Sculpture de A : Dos à dos, B regarde devant, les bras tendus ; A a les bras ballants, regard bas.

Sculpture de B : A est couché, immobile ; B est assis sur une chaise, épaules tombées.

A J’aime bien le travail qu’on fait ici. Mais, est-ce que ce n’est pas trop tard ?

B On ne peut pas vivre sans former un couple !

A Après la naissance de notre enfant, tout s’est fondu, toutes les identités.

B On a jeté les clefs du couple.

A Le couple n’a pas touché terre.
B Le fait de venir ici a fait éclater la crise. Mais toute l’organisation de la maison a repris.

Objet métaphorique de A : une corde

Objet métaphorique de B : un trou

A Le couple, c’est : orage, puis arc-en-ciel, puis orage, puis arc-en-ciel…

B Pour ma belle-sœur, c’est le couple idéal !

A C’est un couple vieux, essoufflé.

B Ma mère dit : « contre nature ».

Tableau de rêve de A : le vent et la mer.

Tableau de rêve de B : un papillon sur une fleur.

2 D’où je parle !

Petite présentation de moi-mème, de l’unité de thérapie familiale de Bassens, de ESA.

Appartenances et déêndances !

3 Qu’est-ce qu’un couple ?

Sociologue (De Single, Kauffman) :

union habituelle de 2 êtres, le plus souvent un homme et une femme, qui vont se faire société l’un à l’autre ;

le lave-linge ;

la deuxième socialisation ;

éviter les guerres ;

les contraintes sociologiques au choix

les contraintes familiales au choix

Psychanalyste (Lemaire ) :

défense contre les pulsions de mort ;

contraintes psychologiques au choix ;

Lune de miel et crise.

Systémicien (Caillé, Neuburger) :

1 + 1 = 3 ;

Danse du mythe et du rituel ;

Mythe fondateur ;

croyance au hazard et à la prédistination.

Républicain

Egalité ou Domination ?

4 Qu’est-ce qu’une famille ?

Des individus ?

Notion de ménage (« feux ») ;

taille de la famille : nucléaire ou conjugale, élargie, parentèle ;

cercle de famille !

Matrice pour la communication ?

Première socialisation ;

des formes relationnelles ;

des règles, implicites ou explicites ;

des rituels.

Une histoire ?

Nous le verrons plus loin.

Une identité ?

Le plus 1 ;

idéaux ;

images ;

mythe ;

danse du mythe et des rituels (Ex. Nous sommes une famille aventureuse – Nous partons toujours en vacances sans préparation).

Républicain :

Liberté ou esclavage ?

5 (Qu’est-ce qu’une fratrie ?

Républicain :

Fraternité ou rivalité ?)

6 Intime … et norme !

Ni l’individu, ni le couple, ni la famille ne peuvent se donner leur identité simplement par eux-mèmes ! Toujours nous rencontrons des normes, qui nous donnent aussi notre identité !

Macrosociale

confrontaion avec d’autres systèmes, notamment les institutions (école, établissement éducatif, maison de retraite, hôpital…

Par ex. : la norme moderne, puis contemporaine de « l’adolescence »

banalité de la famille montrée sur TV (séries), réseaux sociaux.

Microsociale

familles d’origine

groupe de pairs, pour les enfants, mais aussi pour les parents…

autochtone

conformité aux normes ou affirmation de la différence

conflit potentiel de normes entre famille nucléaire / couple et famille autour, entre famille nucléaire / couple / fratrie et groupes de pairs.

7 Frontières et territoires d’intime

les éccueils :

forteresse ou porosité

la contruction

territoire d’intime de l’individu (vs ses parents)

du couple conjugal (vs les individus, les enfants, les familles d’origine)

de la famille nucléaire (vs parentèle, corps social)

jamais complètement acquis

conflits de modèles.

HISTOIRE DU COUPLE ET DE LA FAMILLE

les grands mythes : Adam et Eve, Shiva et Parvati, Jupiter et Junon, Lune et Soleil…

dans les espèces animales !

spécificité de l’espèce humaine : l’abscence d’oestrus, le couple monogame comme réponse pour limiter la rivalité entre males et entre femelles ?

Ancienneté de la famille conjuale :

position centrale depuis l’antiquité ;

des tas de variations : mari visiteur (Nayar Inde), séparation complète des rôles masculins et féminins (Nazis), collectifs éducatifs (kibboutz, maisons de l’égalité), polygamie, polygynie,

monogamie tempérée (Summer, XIX° bourgeois)

divorce depuis l’antiquité (Egypte, Babylonne)

Homoséxualité : tolérance et reconnaissance (Grèce IV° av JC), intolérance absolue

Inceste : interdit plus ou moins large…sauf en Egypte antique

Grèce antique 

3 relations : mari – femme, parents – enfants, maitre – esclave ;

la fille est epictère (fait partie de l’héritage).

Rome

Le pater familias ;

le divorce facile ;

le couple montré harmonieux (bas-relief).

Puis : Ordo conjugatorum !

Idéologie du mariage fixée au VIII° (Pepin le Bref et pape Zaccharie)

Famille conjugale (ou dite aussi nucléaire) et pas élargie ;

exceptions.

A quel age se marie-t-on ?

Variable selon la démographie !

30 ans (homme) et 26 ans (femme) au XVIII°.

Qui élève les enfants ?

La mère, bien sur ;

le placement des jeunes (20% au XVII° Europe sauf Italie) ;

Eglise

ou Révolution !

Et toujours (époque classique, puis moderne) :

modèle conjugal dominant en réalité ;

parfois différent du modèle idéal ;

famille conjugale, idéal bourgeois du XIX°.

Epoque contemporaine 

Années 50 – 60 : Familles je vous hais

Années 70 – 80 : crise de la famille (divorce, refus de fécondité, mariage en baisse)

Années 90 – 00 : Valeur moderne de la famille, le lieu du bonheur

Excès d’honneur ou d’indignité ?

Domination de la forme conjugale

sttructure variable (monoparentale, couple seul, recomposée, homoparentale…)

GEOGRAPHIE

Couple et famille américaine

forte nuptialité

indépendance

contrat explicite

enfant étranger plutot que roi

Couple et famille aux premiers temps dsoviétiques

réaction libertaire et libération sexuelle

éducation collective

Staline et la famille ennemie des soviets

Suède

conjugalité privée

forte divorcialité

égalité et papa – velour

relations intergénérationnelles

méditérannée

peu de place pour le couple (frontières : histoire du couple juif, Rome en thérapie)

inégalité

valeur de la famille

HISTOIRE NATURELLE DE LA FAMILLE

Nous parlons de cycle de vie, ou se succèdent périodes de changement, et périodes de stabilité, influencés par les aléas de la vie professionnelle, et par les corps et leurs vicissitudes (maladies, accidents…).

Un couple se forme 

c’est un couple conjugal ;

il a des modèles transmis par les familles d’origine

et des réactions à ces modèles.

1° enfant

couple conjugal + couple parental + famille

2° et suivants

CC + CP + famille + fratrie

modèles à transmettre !

Conformité et/ou différence

Ecole

CC + CP + famille + Institution

adolescence

entrée du 1° enfant

sortie du dernier enfant

Ensuite

couple chez enfants

grand – parentalité

disparition des anciens

viellissement (différences, pertes d’autonomie)

LE CONJUGAL

Le genre

Cette question a été soulevée à propos du mariage pour tous, et des querelles qui ont suivi sur la « théorie du genre »

Qu’est-ce que le masculin, le féminin ? Sont-ils indispensables aux côtés d’un enfant ?

Je devais avoir 4 à 6 ans lorsque mon frère, beaucoup plus vieux 24 à 26, m’a présenté sa fiancée . A peu près à la même époque, ma sœur guère plus jeune , fit de même avec son amoureux .

J’avais là deux incarnations de la féminité et deux de la masculinité.

D’une part, un quasi sosie de Gina Lollobrigida et une réplique d’Hannah Arendt pour le féminin, d’autre part Clark Gable et Georges Brassens, pour le masculin. Le genre n’est pas superposable au sexe, et qu’il est tout entier contenu dans les actes des personnes dont on va dire, et qui diront, sans doute, d’elles-mêmes qu’elles appartiennent à un genre, ou à un.

autre Le genre est ce que la société attend d’une certaine apparence physique. Cette apparence physique va prendre la forme d’un sexe masculin ou féminin, suivant en cela les caractères sexuels dits secondaires. Ce qu’elle attend, c’est une manière de penser, d’agir, de se comporter. C’est aussi un ensemble de tâches qui vont être préférentiellement effectuées.

Pourquoi les femmes ne chassent-elles pas ? Dans quasiment toutes les sociétés, ce sont les hommes qui chassent ! Alors, pourquoi ?

Une belle constance des sociétés, de celles que les anthropologues et les historiens étudient, aux sociétés modernes, est la présence d’une hiérarchie des catégories de sexe (male versus femelle). Le sexe masculin, et ce qu’on lui prête habituellement, sont tenus pour supérieur au féminin et ce qu’on lui prête.

L’idée qui semble naturelle, c’est que le sexe précède le genre. L’enfance de l’individu rejouerait l’enfance de l’humanité. L’enfant voit d’abord la différence des sexes, des petits garçons et des petites filles. C’est pour lui une épreuve, celle que Freud a nommé castration. La différence perçue va faire l’objet de théories- infantiles, qui lui permettront, et cela n’ira pas sans sacrifice, de se fabriquer, dans les interactions avec les adultes les plus proches, ses parents donc, une identité sexuelle, une identité de genre, qui pourra, ou non, selon les vicissitudes des projections, des introjections, des mondes psychiques supposés des parents, être en conformité avec le corps et ses formes anatomiques.

Les attentes normées sur le comportement viendraient alors se greffer sur cette trame.

Au fond, Freud : « Le destin, c’est l’anatomie ! »

A quoi Simone de Beauvoir répond : « on ne nait pas femme, on le devient ! »

Les attitudes adoptées envers les enfants sont fort différentes selon le sexe, et ce, très tôt. Dans notre culture, on s’attend à ce que le petit garçon soit robuste, fort, bougeon. Et la petite fille douce, fine, délicate ! Jeux, aménagement de chambre, comportements censurés au encouragés, habillement, mode privilégié d’interaction avec les jouets…

Françoise Héritier rapporte une expérience. On présente à un groupe d’étudiants une photo montrant un bébé qui crie. Et on demande pourquoi crie-t-il ? Si on précise qu’il s’agit d’une fille, la réponse prévalente sera « Elle a peur » Si on précise qu’il s’agit d’un garçon (c’est le même bébé), ou obtiendra plutôt, « Il est en colère »

L’enfant, alors, va adopter des conduites appropriées à son sexe, dans une culture. Et il acquiert aussi des connaissances sur le » sexe » comme catégorie. Et vers 2 ou 3 ans, il peut classer les individus selon le sexe, masculin ou féminin. A partir de 2 à 3 ans, également, se forme une préférence pour des jeux avec des enfants de même sexe. Plus les enfants passent de temps avec des partenaires identiques à eux, et plus leur comportement sexué se différencie et se renforce !

Combien existe-t-il de sexes ?

1 ? ,2 ? ,3 ?,4 ?

D’Aristote au XVI siècle, pour les savants, les médecins donc, il n’y a qu’un sexe… le masculin, soit la forme achevée. Le genre femme a un sexe identique, mais inversé. Moins parfaite simplement, la femme est moins chaude, plus fluide. (Gallien : « Si elle désire, c’est qu’elle a des testicules ». Idem dans le monde arabo- musulman (Avicenne, Averroès).

A partir du XVIII siècle, il y a 2 genres et deux sexes. La femme est alors identifiée à ses ovaires, qu’on lui ôte en cas d’hystérie.

Freud dit : 1 et 2 ! Bisexualité de chacun, donc unisexisme. Mais orgasme vaginal, donc jouissance féminine spécifique. Mais libido non sexuée !

Pour les Inuit, et les indiens des plaines, il y a 3 sexes. C’est, du moins, l’interprétation que font les ethnologues canadiens Bernard Saladin D’Anglure et Pierrette Desy.

Chez les Inuits, le sexe, d’une part, est supposé instable à la naissance. Il peut se changer, même si tout l’univers est divisé en mâle et femelle : animaux, végétaux, minéraux, corps célestes, saisons, phénomènes atmosphériques…(41)

Lorsqu’un enfant nait, d’autre part, on lui donne un nom d’un ancêtre décédé… et s’il est de sexe oppose, l’enfant sera élevé jusqu’à la puberté dans les rôles sociaux de l’autre sexe, incluant les vêtements. Ensuite, il (ou elle) va regagner son groupe de sexe.

Pierrette Desy, elle, a montré que quasiment toutes les tribus indiennes d’Amérique du Nord, (surtout chez les indiens des plaines : Hurons, Iroquois, Pueblo, Hopi, Navajo, Zuni, Cheyenne, etc.) ont eu des « hommes-femmes », que les blancs, colonisateurs, appelaient des Berdaches. Et en assez grand nombre. Le passage à cette catégorie se faisait vers l’adolescence, après un rite de passage, ou un rêve, ou une vision. Ils étaient « manitou », avec des fonctions, tout à fait socialement reconnues, sans aucune conception pathologique ou marginale, de médiation entre le sacré et le profane, de marieur, de magicien…

« Le Berdache n’était ni fou, ni malade, ni déviant, mais autre

Sandra Benn, sociologue, distingue 4 catégories psychosociales de sexe :

Des Hommes à masculinité élevée et féminité faible

Des Femmes à masculinité faible et féminité élevée

Des types croisés : homme avec masculinité faible et féminité élevée ; femme avec féminité faible et masculinité élevée ; homme ou femme avec masculinité et féminité faibles (ni –ni ?)

-Des androgynes : homme ou femme avec masculinité et féminité élevés (et –et ?)

Séduction

D’une part, nous avons le sentiment d’appartenir à un genre. La plupart d’entre nous nous sentons appartenir au groupe des hommes ou au groupe des femmes, même lorsque nous avons conscience de la construction sociale de ces groupes. Et, en même temps, nous sommes assignés par les autres à cette même appartenance. Qui est alors une inclusion !

Nous gardons en mémoire ce que nous ont montré les anthropologues, c’est-à-dire que certains

peuvent se sentir appartenir à un groupe au-delà de cette frontière, et pourtant en accord avec le corps social.

Mais d’autres, dans notre société, sont assignés à un groupe, et se sentent appartenir à un autre groupe.

D’autre part, nous éprouvons une attirance pour un autre. Bien souvent, ce sont des traits masculins ou féminins (selon les codes de notre société), que nous attirent. Mais ce peuvent être des traits croisés, ou androgynes (Carlos, Hildegarde).

Et nous pouvons être attirés par un membre d’un autre ou du même groupe de genre que nous.

Début du couple et séduction

Maintien de la séduction au fil du temps

lien avec se sentir appartenir à l’aun ou l’autre genre

Séxualité

Entre deux adultes conscients et d’accord, évidemment il y a à priori une grande liberté

Mais (intime) les attentes peuvent être différentes, en quantité, et en qualité relationnelles

Mais il y a confrontation aux mythes sociaux dominants (norme) Par exemple aujourd’hui : séxualité épanouie ; histoire du clitoris et/ou du vagin

mais il y a la question de la fidélité

Et, finalement, dans un couyple , à qui appartiennent les organes sexuels,

Egalité

Le film « A mon age, je me cache encore pour fumer »

justifications diverses à l’inégalité : économiques, mythiques (le sang et le sperme), religieuses, politiques (droit de vote et capacité supposée), scientistes…

Jusqu’ou va la domination : contraintes, violence, meurtre

LE PARENTAL

Distinguons deux axes à la fonction parentale

Le nourrissage est à entendre ici au sens large ; il s’agit de l’alimentation, mais aussi de l’affection et de l’éducation motrice, cognitive-intellectuelle, morale. La qualité supposée de ce nourrissage permet d’être considéré comme (bon) parent. On ne voit pas très bien comment l’association de deux personnes du même sexe diminuerait, ou augmenterait, les qualités d’exercice de cette fonction, davantage que l’association de deux personnes de sexe opposé ! Le prétendre, c’est faire fi du fait que ces associations existent déjà, qu’elles exercent cette fonction, et qu’il ne convient pas de les stigmatiser. Les enfants peuvent être élevés bien ou mal par un, deux ou plusieurs personnes, de l’un, de l’autre sexe, ou des deux. Et il n’est même pas certain que cela ait une influence obligatoire sur le choix sexuel futur de l’éduqué !

Stigmatiser accroit la difficulté de l’apprentissage de cette fonction nourricière (effet pygmalion, prédiction qui se réalise toute seule).

La parentalité, c’est aussi l’inscription filiative d’un enfant dans un ordre qui lui préexiste. L’articulation des deux se fait quand d’enfant, le sujet devient enfant-de, passant d’une dépendance de survie à une dépendance d’identité sociale.

La succession des générations est une translation des fonctions : enfant-de, puis parent d’enfant-de, puis parent-de-parent d’enfant-de et ainsi de suite. La succession des générations suppose à chaque étape une légitimation sociale.

La reconnaissance de la qualité de « Parents potentiels », c’est-à-dire pouvant soutenir le passage du lien nourricier au lien filiatif, suppose la légitimation sociale, à chaque étape de la translation des générations. Or, elle peut subir un grand nombre de ratages. Ce sont eux que nous voyons en thérapie familiale pour des situations graves de psychose ou d’anorexie mentale, et ces ratages sont favorisés par la stigmatisation des couples parentaux !

La norme est qu’un enfant, entré dans une famille par voie d’accouchement ou d’adoption, s’inscrit dans une double filiation, branche maternelle et branche paternelle, ce qui renvoie à la constitution de l’humanité par les règles d’alliance et d’échange. Mais remarquons que ceci comporte des exceptions, en moins (enfant né de père inconnu), ou en plus (certains régimes d’adoption ou l’enfant bénéficie d’une filiation dans la famille adoptante et dans la famille biologique). L’adoption classique en France est d’ailleurs en train d’évoluer, puisqu’il n’est pas rare, notamment avec l’adoption d’enfants venus de contrées lointaines, qu’il y ait au minimum filiation imaginée avec les racines biologiques, mais aussi rencontre réelle, et donc inscription filiative dans la famille biologique.

L’inscription filiative, c’est toute une parentèle, des frères et des sœurs, des grands-parents, arrière GP, des oncles, tantes, grands oncles et tantes, neveux, nièces, cousins, et aussi ancêtres, le tout des deux sexes, évidemment !

L’adoption

L’histoire l’illustre de deux jumeaux qui avaient été adoptés et secouaient négativement, synchrones, la tête chaque fois que le mot adopté était prononcé. Comme s’ils répétaient « Nous ne sommes pas des canards adoptés ; nous sommes des cygnes dans une famille de cygnes ! ».

Nous aimons faire le recadrage suivant : ce n’est pas un enfant adopté, c’est un enfant entré dans la famille par adoption ! Encore faut-il qu’il y soit entré ! En effet, on regarde souvent l’adoption du côté de la fonction nourricière de la parentalité. On pourrait baptiser cela : la nounou et l’éducateur, (fonctions socialement attribuées, mais qui peuvent en fait être exercées par des hommes ou des femmes). Mais, s’il est important de rencontrer dans sa jeunesse de bonnes nounous et/ou de bons éducateurs, ne serait-ce que pour soutenir une résilience lorsque le traumatisme a marqué son histoire, ce n’est pas suffisant. L’inscription filiative est tout aussi importante, qui nous situe dans une ou plusieurs lignées.

Entrer dans un groupe d’appartenance, c’est être admis à participer à cette danse d’éléments mythiques et rituels, c’est passer d’étranger à appartenant. Ce processus met en question dans ses frontières le pôle intime du groupe qui préexistait. Une solution est de se raconter une histoire, souvent celle d’une cooptation « quand on s’est regardé, j’ai su que c’était celle-ci ;on s’est reconnu ». L’important est qu’un récit intègre l’enfant entrant au mythe familial. Cela passe par des rituels, par exemple le jeu du « à qui ressemble-t-il ? », et toutes les fêtes de famille organisées autour de son arrivée.

Mais il met aussi en question le pôle norme : Le couple, plus largement la famille, candidat à l’adoption, va être soumis à une sorte d’expertise psychique visant à déceler cette étrange aptitude à élever un enfant après adoption (étrange car impossible à définir précisément). La famille candidate, face à cette attente sociale, se met en attente d’attente et peut croire qu’il existe une bonne manière d’être famille adoptante. Nous avons là la constitution d’un mythe social, auquel participe la famille elle-même, expliquant par avance les difficultés, et donc les produisant : « c’est une famille adoptante ; c’est un enfant adopté ! »

L’inscription filiative dans la famille qui a adopté est condition de réussite de l’adoption. Et elle dépend de sa reconnaissance par le corps social. Faute de celle-ci, si, par exemple, un maire interdit la célébration de mariages homosexuels, ou si un couple voulant adopter, se sent regardé avec suspicion par les travailleurs sociaux ou sa propre parentèle, ou si un couple ayant adopté se sent confronté à des enseignants normatifs, etc., etc., les deux parents pourront avoir tendance à se rabattre sur nounou/éducateur, afin de prouver leurs qualités, et l’enfant aura beaucoup de difficultés à entrer dans la famille. Il pourra rester en quelque sorte un étranger 

La question de l’autorité

L’autorité est inventée par les romains, répondant ainsi à la question de Platon : comment faire obéir les hommes sans recourir aux moyens externes de la violence ? Cette « auctoritas » était représentée dans la famille par « le Père ». D’un côté, cette fonction a permis l’exercice de la domination, dans la société du blanc, bourgeois et riche sur l’ouvrier, le paysan et l’indigène colonisé, et dans la famille de l’homme (XY) sur la femme et des parents sur les enfants. D’un autre côté, elle a fait lien social, incarnant la loi humaine : poursuivre l’humanité et faire naître du neuf, et, pour cela interdire inceste et parricide et prescrire une forme quelconque d’exogamie.

Quand Freud se demandait « De quoi souffrons-nous ? », il répondait « De devoir renoncer » : renoncer à une position d’enfant, aux buts et objets pulsionnels infantiles. Le monde d’avant les totalitarismes prescrivait ce renoncement, en s’appuyant sur « l’autorité » et sur « le père », au prix donc de ces dominations contestables. Ce renoncement comporte un double sacrifice : pour l’enfant de l’union à la mère primitive, pour l’adulte d’une position d’enfant afin de la transmettre. Le monde qui s’est relevé du XX° siècle ne peut plus s’appuyer légitimement sur « l’autorité » et « le père » et semble ne plus prescrire ce renoncement, d’où notre expérience commune de la prolifération des incivilités, désobéissances et irrespects (dont l’auto – irrespect du type « casses-toi pauvre con »).

Notre expérience de thérapeute familial nous a appris que, d’une part une femme pouvait exercer le rôle de « père de famille », que d’autre part la présence d’un couple parental ne garantit pas que l’homme, par exemple, ait renoncé à une position d’enfant. Combien de fois entendons-nous : « J’ai 3 enfants à la maison, mon mari et les deux petits » ?

Sur quoi s’appuyer aujourd’hui pour faire vivre un lien social ? Dans la société, sur la notion de « pouvoir en commun » d’Hannah Arendt, qui suppose la reconnaissance que l’égalité est au cœur de la loi humaine. Et dans la famille, c’est sur l’égalité dans le couple, et donc sur le couple lui-même.

INTERACTIONS CONJUGAL / PARENTAL

Entre couple conjugal et parental…quand ce sont les mèmes personnes

Disjonction

Confusion…tout en gardant le modèle de la nécessité de la conjugalité

Empiètement et reproches réciproques ; lien avec les différences de modèles

Enchainement de rétorsion (x. infidélité pendant une grossesse ; incompréhension devant maladie grave)

Avec les familles autour

Familles d’origine

Les eccueils : Abandon ; Empiètement

Les différences de modèle et l’évolution des individus par rapport à eux

Famille(s) d’avant (pour les familles recomposées)

Entre couple parental et enfants : les triangulations et ses avatars

instigation

désinformation

de la protection de l’intime au secret

La mal séparation

Echec de la solution divorce

Jusqu’où cela peut aller (violence, rétorsio, TS, désinformation)

Poursuite de la guerre par d’autres moyens…ou les mèmes

Apparition de la guerre ; lien avec sentiment d’abandon, de trahison.